Série rétrospective de 58 cas d’arthrites gonococciques en milieu hospitalier - 11/06/21

Résumé |
Introduction |
L’atteinte articulaire est la forme la plus fréquente des infections disséminées à gonocoque. Dans un contexte de réémergence actuelle des IST et d’augmentation des résistances aux antibiotiques, nous nous sommes intéressés aux cas d’arthrites gonococciques diagnostiquées en milieu hospitalier.
Matériels et méthodes |
Cette étude rétrospective réalisée en milieu hospitalier a recensé les arthrites gonococciques identifiées via le PMSI et le laboratoire de bactériologie (PCR ou culture positives à Neisseria gonorrhoeae) de 2008 à 2020. Les cas étaient inclus si une arthrite était présente avec une identification bactérienne intra-articulaire ou génitale. Ont été recueillies les données démographiques des patients et les caractéristiques cliniques, microbiologiques et thérapeutiques des arthrites.
Résultats |
Un total de 58 cas d’arthrites gonococciques a été identifié, avec 30 hommes (52 %) d’âge médian 42 ans (interquartile 25-53). Aucun individu n’était séropositif pour le VIH, 36 (62 %) étaient hétérosexuels, 3 (5 %) étaient homosexuels. Dans 45/50 cas (90 %), on trouvait un rapport sexuel non protégé précédant les symptômes, avec un délai moyen de 15 [8–30] jours. Un contexte de retour de voyage dans les 3 mois était présent chez 24 patients (41 %), principalement à Madagascar (90 %). Il s’agissait d’une monoarthrite dans 17 cas, une oligoarthrite dans 33 cas et d’une polyarthrite dans 8 cas avec un nombre médian d’articulations touchées de 2 [1 , 2 , 3 ]. 28 (48 %) patients présentaient une ténosynovite. Les articulations les plus touchées étaient le genou (n=39, 67 %) et la cheville (n=29, 50 %). Une atteinte génitale symptomatique concomitante n’était présente que dans 9 cas, alors que 50 % présentaient une autre atteinte extra-génitale : cutanée (n=23), pharyngée (n=6), conjonctivite (n=1) et endocardite (n=1). Un patient a nécessité une prise en charge en réanimation, aucun n’est décédé. Tous les patients présentaient un syndrome inflammatoire biologique : CRP médiane 133 (90-223) mg/L. N. gonorrhoeae était isolé dans le liquide articulaire chez 39/42 (93 %) patients (16 par culture, 13 par PCR et 10 par les 2 techniques), dans les hémocultures chez 7 patients, dans les voies urinaires ou génitales chez respectivement 15 et 16 patients et dans d’autres localisations (anus, pharynx, peau) chez 9 patients. Parmi les 31 souches isolées en culture, 20 (65 %) présentaient une résistance aux quinolones et aucune aux C3G. Vingt-sept patients présentaient une autre IST : chlamydiose (n=16), syphilis (n=2), trichomonose (n=2), HPV (n=1) et Mycoplasma genitalium (n=1). La recherche de HLA B27 était négative chez les 9 patients testés. Tous les patients ont été traités par antibiothérapie, principalement des C3G injectables (97 %), avec une durée médiane de traitement de 10 (8-14) jours. Les mesures associées étaient une immobilisation du membre atteint (n=9), des ponctions itératives (n=5), ou un lavage articulaire chirurgical (n=11). La médiane de séjour hospitalier était de 8 (5-13) jours et 4 patients ont été transférés en rééducation. Après une médiane de suivi de 13 (2-42) jours, 21 patients (36 %) étaient guéris, 1 présentait une récidive et 36 (62 %) présentaient une atteinte articulaire persistante.
Conclusion |
Il s’agit à notre connaissance d’une des plus grandes séries d’arthrites gonococciques décrite. La prévalence de la résistance aux quinolones est importante, faisant des C3G injectables le traitement de choix. Beaucoup de patients avaient récemment voyagé à Madagascar, ce qui pourrait suggérer l’existence d’une souche locale particulièrement virulente. Enfin, cette forme de gonococcie se révèle rarement par une clinique sévère, mais conduit à une proportion importante de gêne fonctionnelle à moyen terme, chez une population pourtant jeune et peu comorbide.
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Vol 42 - N° S1
P. A32-A33 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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